Avant qu’arrive la saison froide, j’observe les oiseaux dans la cour qui s’apprêtent à faire leurs bagages. Demain ou après-demain, ils s’envoleront vers des pays plus chauds. Derrière eux, ils laisseront un nid, une poignée de terre, quelques feuilles et un tas de brindilles. Ils n’ont pas peur de laisser derrière ce qui appartient au passé, car ils savent d’instinct que pour prendre leur envol, ils doivent s’en libérer.

 Nous devrions faire comme les oiseaux et nous libérer aussi de ce qui nous pèse et assombrit notre vie.  Trop souvent, nous  portons  sur nos épaules un bagage qui alourdit notre corps, notre coeur, notre esprit. Ce poids supplémentaire composé de nos ressentiments, de nos déceptions et de nos rêves brisés nous empêchent d’avancer et de nous réinventer.

Pouvez-vous imaginer quel soulagement ce serait que de laisser aller le passé ?

D’accepter de faire la paix avec ce qui a été pour repartir à neuf ? 

Certes, cela demande du courage, mais le désir d’être heureux peut nous y conduire. Par où commencer ? 

Pour la plupart d’entre nous, cet exercice de liberté doit commencer par celui du pardon. Sans pardon, nous demeurons prisonniers du passé et nous ne pouvons aller de l’avant. Contrairement à ce que l’on croit, pardonner ce n’est pas non plus excuser les gestes de l’autre. 

Ici, pardonner ne signifie nullement qu’on oublie tout, qu’on passe l’éponge ou qu’on renonce à nos droits.  Pardonner, c’est se libérer du carcan du passé pour avancer libre et confiant vers l’avenir. 

Le pardon, c’est un choix. Celui de renoncer à la vengeance, au ressentiment, à la déception, au chagrin, à la haine, à la douleur. En ce sens, c’est un précieux cadeau qu’on s’offre à soi-même pour prendre un nouveau départ. 

Si je vous en parle, aujourd’hui, c’est qu’il y a quelques années, c’était impensable pour moi de penser à pardonner.  Mais j’ai compris un jour que sans pardon, la guérison dont je rêvais serait incomplète. Tant et aussi longtemps que je refuserais de pardonner, mes blessures resteraient grandes ouvertes. Comment y suis-je parvenue ? 

Pardonner à quelqu’un qui nous a blessés, agressés ou trahis est l’une des pratiques des plus difficiles qui soient. Chacun doit le faire à son rythme et au moment qui lui convient le mieux. C’est un processus qui ne peut être imposé ni forcé.

Pour y parvenir, l’exercice du pardon peut se faire en deux étapes : la première étape consiste à choisir, consciemment et librement, de ne plus porter cette souffrance en soi. C’est une décision que l’on prend, à la fois, avec la raison et le coeur. Par exemple, on pourrait se servir d’une phrase à méditer telle que ” à compter d’aujourd’hui, je choisis volontairement de laisser aller le passé.” 

La seconde étape débute avec la volonté de transformer cette épreuve du passé en un apprentissage pour l’avenir. Ainsi, on transforme une blessure en une expérience de vie. C’est à cette étape qu’on arrive à donner un sens à notre souffrance. On acquiert alors la sagesse et la lucidité pour faire la paix avec le passé et pour grandir intérieurement.

Personnellement, après avoir complété ces deux étapes, j’ai poursuivi mon processus de guérison intérieure en pratiquant la méditation de la compassion (vous la découvrirez dans la section audio.)

Après quelques semaines, cette pratique avait réussi à réparer mon coeur brisé. Bien entendu, cette pratique n’est pas une baguette magique, car le pardon, le vrai, demande du temps, de la bienveillance et du courage, mais c’est un outil important pour nous aider à pardonner.   

Le prix à payer pour arriver à se libérer du passé peut vous sembler élevé, mais la récompense qui suit le pardon est immense.  Dans son sens le plus profond, le pardon nous reconstruit intérieurement. En un mot, il nous réinvente.  

Puis, un jour, contre toute attente, on découvre que le pardon, c’est le chemin qui nous ramène à l’amour. L’amour de soi qui est salvateur. L’amour des autres qui nourrit. L’amour de la vie qui guérit.

À vous qui lisez ces mots, je souhaite la paix du coeur.

Nicole

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